LOST IN TRANSLATION
Jeudi 11 mars 2010 4 11 /03 /2010 15:30
pouR unE raisoN étrangE
Un regard sur Ga Lin Wai Lo & Granville Song in Lost in Translation (2009)
Installation d'Anabelle Hulaut
(Exposition TRYPTIQUE du 10 octobre au 22 novembre à Angers (49)
Art contemporain, sous la forme d'invitation de Galeries d'Art)
Lost in Translation, une idée de voyage, de départ, de non lieu, de lieu d'attente. Ce qu'une salle d'exposition n'est pas communément. Une idée en résonance avec le propos de l'artiste plasticienne, Anabelle Hulaud, à la dimension multi-identitaire, interrogeant la mobilité, la coïncidence, les situations hasardeuses, l'impossible arrêt d'un voyage. La composition de Lost in translation est, dans le cadre de Tryptique, constituée de trois éléments : Ga Lin Wai Lo, Magnifying I et Granville Song.
Le visiteur débute son parcours intrigué par un fond sonore de source inconnue. L'air le suit tout au long de sa visite, devant chaque oeuvre exposée. La musique de Granville Song, accompagnant l'installation d'Anabelle Hulaud, Lost in translation, est déroutante : elle provoque l'envie de s'arrêter, d'attendre. Ressenti plutôt singulier dans une exposition d'art contemporain où le visiteur a souvent tendance à se charger de toute son attention et de toute sa réceptivité. Elle fait naitre une certaine patience, une impression de hors temps, propice au regard sur l'art contemporain. Cependant, à force d'en chercher l'origine, le spectateur se perd dans son écoute et laisse peut être de coté son attention à l'égard des autres oeuvres. Granville Song est une création envahissante qui s'impose comme les directives données au micro dans une gare, un aéroport. Une voix sortie de l'univers Wong Kar Wai, un univers de rencontres éphémères, de croisements, sous la lumières des néons colorés.
Cette musique ambiante rend le spectateur d'autant plus impatient de découvrir la salle consacrée à Anabelle Hulaud : elle donne une force particulière à l'installation. Que l'on découvre dans toute sa simplicité. Dans toute son étrangeté. Le spectateur ne voit pas immédiatement la source de la musique, plusieurs oeuvres sont susceptibles de la diffuser. Mais lorsque ses yeux se posent sur Ga Lin Wai Lo, il devient évident qu'elle provient des lettres lumineuses, pour une raison étrange. Peut être que Granville Song lui avait déjà fait songer à la Chine, faisant écho aux caractères cantonais ponctuant le tableau lumineux. Car son regard tombe sur une écriture incompréhensible pour le public occidental. Les caractères sont lumineux, attirants et froids, comme s'ils indiquaient une destination, une direction. La musique prend alors une autre consistance : elle devient l'expression de ce qui se tait dans Ga Lin Wai Lo. Une oeuvre qui fait silence, le spectateur ne peut la comprendre au premier abord. Il s'agit, l'apprend t il plus tard, des quatre signes cantonais signifiant Granville, un non lieu, une Granville Road qui a perte de vue se déroule telle la boucle musicale, sans s'arrêter.
Le spectateur repart, quittant difficilement des yeux le panneau lumineux, l'esprit encore détenu par le fond sonore. L'oeuvre est pourtant une extrême simplicité, sans l'intention d'être plus qu'un indicateur. Mais quoi de plus angoissant qu'une directive que l'on ne peut comprendre, comme dans une ville étrangère sans carte où on ne peut se diriger rationnellement. La sortie de la salle ne demande qu'un pas mais l'air de Granville suivra le visiteur jusqu'à sa sortie de l'exposition.
Camille Richard, 2009
Publié dans : artS plastiqueS
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