Avant de prononcer quelques mots de circonstance, permettez-moi de m'interroger sur les raisons de cette invitation : suis-je devant vous comme représentant officiel du Ministère de la Culture, c'est à dire de l'Etat, ou plus simplement en modeste amateur d'art, ami de la création et des artistes ?
Faute d'une réponse claire de votre part, j'ai décidé de ne prendre aucun risque et d'appliquer à la lettre (nous y voilà !), l'obligation de réserve faite à tout agent de l'Etat en période électorale : interdiction absolue de toute prise de parole en public dans le cadre d'une manifestation officielle.
Que ne vous êtes vous mariée après la fin de cette période de silence imposé !
Qu'elle frustration vous m'imposez là, moi qui ne rêve que d'effets oratoires et de revers de manche !
Enfin , n'en parlons plus.
"Motus et bouche cousue"!
J'ai donc, sous la contrainte, confié la lecture de mon discours, car j'ai bien décidé de vous infliger un discours, à la seule personne de votre entourage possédant un accent susceptible de dépasser le mien ; vous avez commencé à en juger...
Dans le document qui accompagne votre invitation, il est question d'une certaine "Mademoiselle Hubaut", que personnellement je ne connais pas, et qui serait devenue, au terme d'un échange de lettre, "Mademoiselle Hulaut".
Curieux échange en effet, que ce troc d'un L pour un B ; l'usage commun est déchanger elle pour une autre elle (une de perdue, dix de retrouvées !)
éventuellement elle contre lui pour des plaisirs nouveaux, ou tout au plus elle avec lui et lui avec elle : il est alors question non plus d'échange, mais d'échangisme.
La lecture attentive du document dont nous avons été destinataires, me convainc que je fais fausse route.
Mais la question reste entière ; que n'avez-vous besoin d'un L ?
Un L et pourquoi pas un G ?
En cette année de bicentenaire, une "Mademoiselle Hugaut" eut été de circonstance : réincarnation d'une fille chérie prématurément disparue , vous rejoindriez alors votre "père adoptif" du côté de Guernesey , à quelques encablures de vos parents géniteurs.
Non, vous avez choisi la lettre L.
Mais alors pourquoi un échange et non pas un simple emprunt : emprunter un L en conservant votre B, et vous deveniez "Mademoiselle Hublaut" : avouez qu'ici, à Saint-Nazaire, haut lieu de la construction navale (de luxe), vous étiez dans le ton.
Et on vous imagine, allongée sur le transat du pont de première classe, le regard perdue dans le lointain, partant à la conquête de l'Amérique et de son marché de l'Art !
Non décidément, je prends mes désirs pour des réalités : il faut bien s'en tenir à ce que vous avez décidé : un B contre un L.
Mais alors permets-moi une dernière question : pourquoi un seul L ?
Deux L, à la rigueur, vous auraient permis de vous envoler ; mais que ferez vous avec un seul ?
A moins que vous ne décliniez naturellement votre identité au féminin, devenant ainsi "Mademoiselle Hulautte", prenant votre e'nvol sous nos regard ébahis !
Voilà, je tiens enfin la chute de mon discours : "Mademoiselle Hulaut" est une femme, que dis-je, une femme artiste !
Oui, chère Anabelle, vous êtes une femme d'art qui joue avec les lettres : une femme de lettres donc une femme d'esprit.
Au nom de nous tous, ici réunis pour célébrer votre mariage, je vous adresse mes voeux de bonheur et de longue vie.
Chére Anabelle vous nous faites rêver et c'est pour cela qu'on vous aime.
Merci.
N.D.
Discours témoin par Norbert Duffort et doublé par David Michael Clarke
Séquence-Evénement | le 15 juin 2002 | St marc S/Mer